SUR LA ROUTE DE RICHARD DESJARDINS

(par Dominique Nadeau)

J'allonge l'éternité
j'agrandis l'univers,
le soleil à tes pieds
et ma vie en travers

– Richard Desjardins, extrait de la pièce Un trou perdu (album Kanasuta)

Bribes d'enfance

Richard Desjardins voit le jour le 16 mars 1948 à Noranda, petite municipalité fondée en 1926 sur les rives du lac Osisko, à la suite de la découverte d'un riche gisement de cuivre qui mena à la fondation de la mine du même nom. Comptant aujourd'hui près de 41 000 habitants (données de janvier 2010) et connue sous l'appellation Rouyn Noranda (les villes jumelles de Rouyn et Noranda ayant fusionné en 1986), elle est située au sud-ouest de la province de Québec et à quelques kilomètres à peine de la frontière ontarienne, au cœur de la région de l'Abitibi-Témiscamingue.

C'est à deux rues de la seconde plus grosse fonderie de cuivre au monde que Desjardins écoule son enfance en croyant, dans son cœur d'enfant, que la formation des nuages résulte des émanations de fumée impunément crachées, nuit et jour, par les titanesques cheminées de l'usine. Il est par ailleurs témoin, très jeune, des abus répétés dont sont victimes les travailleurs de la mine Noranda, de leur misère vécue au quotidien. « Quand j'étais petit, je vendais le journal La Frontière (principal hebdo de Rouyn Noranda) à la porte de la mine. Un à un je voyais sortir les mineurs, les fondeurs, avec leurs visages de déterrés, silencieux. Personne ne parlait. Ils ne semblaient même pas heureux d'être remontés à la surface, d'être sortis des "chambres à gaz". Comme si leurs vies s'étaient arrêtées à la Noranda », se souvient-il. Bien des années plus tard, Richard Desjardins n'hésitera d'ailleurs pas à prendre le parti des petites gens en dénonçant l'arrogance et l'irrespect dont font trop souvent preuve les dirigeants d'entreprises envers leurs ouvriers.

Quatrième d'une famille de cinq enfants (son frère cadet naîtra dix ans après lui...) il demeure souvent seul à la maison, en compagnie de sa mère, pendant que les plus grands fréquentent l'école. Cette dernière, pianiste accomplie, l'initie alors à l'instrument et l'enfant prend plaisir, de façon toute naturelle, à caresser les touches noires et blanches du piano familial. À l'âge de neuf ans il commence à suivre des cours de piano avec une professeure privée, malgré les embûches qui allaient vite se dresser devant lui : « Je me suis mis à étudier le piano, au risque de passer pour un faible aux yeux de mes amis. Pas d'affaires de même dans l'coin... Comme il ne fallait pas que les gars apprennent ça je cachais mes partitions, mais un beau jour ils les ont trouvées, les ont déchirées, puis ils m'ont "sacré" la volée. J'en ris aujourd'hui, parce que ces mêmes gars-là paient 35 piastres pour me voir en spectacle! ». Après trois années de leçons et alors qu'il n'a que 12 ans sa professeure (« une prof cruelle sur les bords ») l'envoie fin seul, en autobus, participer à un concours à Kirkland Lake (dans le nord de l'Ontario), où l'attend une vieille dame anglophone. Lui qui pensait effectuer un petit aller-retour dans la même journée fut quitte pour demeurer sur place trois jours durant, les jurés le sélectionnant étape après étape! Il termina finalement en deuxième place...

Bien qu'à cette époque il assimile fort bien les rudiments du piano il ne pense nullement à faire de la musique son métier, son ambition d'enfant étant d'embrasser la profession de... footballeur professionnel!

Le coeur à la musique et les études à coeur

L'apprentissage du piano classique mis de côté, le jeune Desjardins se voue ensuite à l'apprentissage du piano dit populaire, et ce, en parfait autodidacte. Dès l'âge de 16 ans il accompagne Roger, son frère aîné, qui se produit dans les boîtes à chansons de la région en revisitant les immortelles de certains auteurs du répertoire français, tels Aznavour et Bécaud, de même que d'autres signées Leclerc, Gauthier ou Vigneault. Entre autres. « Mon travail consistait à réduire l'orchestration qu'on entendait sur les disques, dans le but d'en faire une partition pour piano seul. J'accompagnais donc mon frère au piano, avec des versions minimalistes des pièces des chanteurs français. C'est à partir de ce moment là que j'ai établi un premier contact avec la chimie de la chanson. » L'artiste en devenir peaufine ainsi son art dans les boîtes à chansons avec son frère pendant quelques années, non sans poursuivre ses études, qui lui tiennent particulièrement à cœur. En 1969 il complète son cours classique en récoltant tous les honneurs, et avouera plus tard n'avoir jamais trimé aussi dur qu'au cours de ces études. Il n'ira pourtant jamais chercher son diplôme...

Comme pianiste, il fait ensuite partie de divers orchestres se produisant dans la région abitibienne. Avec les Fabulous Cascades, son premier véritable groupe, il joue entre autres dans les salles de cinéma de Rouyn. « La ville comptait plusieurs cinémas à l'époque, et les propriétaires nous engageaient pour attirer la clientèle avant les représentations. On interprétait des pièces connues et je devais souvent inventer les partitions parce que dans ce temps-là, le piano se faisait plutôt rare dans les chansons. »

La poésie, la vie

Parallèlement à ses activités musicales il décroche un poste de scripteur publicitaire à la station radiophonique Radio-Nord (toujours en 1969), poste qu'il occupe pendant un an avant de croiser le fer, dans un bar, avec son patron. Desjardins n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, loin s'en faut : « Je gagnais 55 $ par semaine et je ne faisais pas assez d'argent pour vivre. Un soir, j'ai rencontré le patron de Radio Nord à l'Hôtel Albert, à Rouyn, et je lui ai dit : "Monsieur, je dois absolument avoir une augmentation". Il m'a regardé et m'a répondu : "Vous autres, les scripteurs, vous êtes comme des p'tits citrons qu'on presse et qu'on balance aux poubelles après." Ça fait que mon chum pis moi on l'a pris pis on l'a sacré dans le banc de neige en face de l'Hôtel. J'me souviens, y'avait encore sa bouteille d'Heineken à la main. La souffleuse s'en venait... Ça fait que j'ai perdu ma job. Comme patron, je l'ai trouvé susceptible et très peu tolérant », lance t il avec ironie. Peu avant cet incident il n'avait d'ailleurs pas hésité à faire encadrer l'un de ses chèques de paie, lequel occupait une place de choix sur le mur derrière son bureau!

Au tournant des années 70 Richard Desjardins se lie d'amitié avec le poète Michel X Côté. S'il avait déjà brièvement fait connaissance avec cette forme d'écriture au gré d'inspirations spontanées, Côté allait pour sa part lui redonner le goût des mots, l'amour des vers. Ainsi convié à la table du verbe par celui qui devint son maître de l'écrit et mentor, il ne tarde guère à renouer avec la poésie, à la faveur du vent de changement qui souffle alors sur le Québec tout entier. Desjardins se met donc à l'écriture de poèmes qu'il imprime ensuite en plusieurs copies, sous forme de recueils, avant de les proposer aux gens dans les bars, dans les collèges et dans les universités. C'est ainsi qu'il parvient à vendre plus de 3 000 exemplaires de son recueil ayant pour titre Le beau cowboy de terre cuite, à « une piasse dans les bars, 50 cennes pour les étudiants pis cinq piasses pour les profs! »

Nous sommes en 1971 et Desjardins, disposant alors d'un peu d'argent, décide d'emprunter les sentiers de l'aventure, d'abord seul sur les routes de la Belle province, avant de poursuivre la virée vers l'Amérique du Sud avec son amie de cœur, destination Buenos Aires. Le trajet entre Montréal et la capitale argentine aura nécessité la complicité de pas moins de 176 conducteurs, se remémore t-il, lui qui notait dans un journal les moindres détails de ses pérégrinations. « Quand on a manqué d'argent on s'est écrasés sur la plage. Pour subsister on se nourrissait de fruits et de poissons, on n'en demandait pas plus à la vie. La maudite belle vie... », résume-t-il, un brin de nostalgie dans la voix.

Avec Abbittibbi, chaude sera la nuit!

De retour au bercail Desjardins, alors âgé de 25 ans, devient réalisateur radio pour le ministère de l'Éducation. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance du bassiste Rémy Perron, avec qui il fonde la première mouture du groupe country rock Abbittibbi, auxquels viennent s'acoquiner les guitaristes Pat Beaulieu et Ricky Lozier, de même que le batteur Michel Jetté. Les jeunes musiciens évoluent principalement sur les scènes des hôtels du nord de l'Ontario en interprétant d'abord les chansons du hit-parade anglophone, à la sauce Abbittibbi, avant d'inclure à leur répertoire quelques pièces francophones écrites et composées par Desjardins. « À cette époque le rock se francisait beaucoup grâce à des groupes québécois comme Offenbach, et j'ai donc commencé à écrire quelques chansons en français. Inutile de te dire qu'en Ontario, on était aussi bien accueillis qu'une strip-teaseuse à Téhéran... C'est pas compliqué, y'avait plus de monde sur scène que dans la salle! » Faute d'argent la galère des compères ne dura que quelques mois, mois de disette au cours desquels ils vécurent de musique et de bière fraîche, comblés par le seul plaisir de jouer. Par la force des choses le groupe s'est donc dissout, chacun de ses membres devant assumer diverses obligations personnelles.

Premiers pas dans la réalisation

À la suite de cette difficile mais somme toute formatrice épopée, Richard Desjardins, histoire de gagner sa croûte, lève les voiles et jette l'ancre à la Baie James. Sans le sou, il travaille d'abord comme pompiste dans une station service, la nuit, avant qu'une compagnie de pavage ne l'emploie à titre de « technicien en asphalte » quelques semaines plus tard. « J'ai fait 144 "shifts" d'affilée, des "shifts" de 12 heures chacun », se souvient-il.

Au retour d'une journée de travail il trouve une lettre que lui a écrite son vieil ami Robert Monderie, lequel lui propose de tourner un documentaire portant sur le 50e anniversaire de la municipalité de Rouyn. Mine de rien le coup d'envoi d'une nouvelle carrière venait d'être donné. Il ne se fait donc pas prier longtemps et plie bagages presque illico, bye bye Baie James, petite visite en Espagne puis re-bonjour l'Abitibi! De retour dans son patelin Desjardins le réalisateur fait ses premiers pas, non sans parfois trébucher, lui qui n'avait encore jamais vu de caméra 16 mm de sa vie! Qu'à cela ne tienne le tandem acquiert vite de l'expérience et livre, l'année suivante, le percutant Comme des chiens en pacage (1977). Ce documentaire, qui retrace les débuts troubles de la colonisation de l'Abitibi, attire l'attention sur la mainmise qu'ont les grandes compagnies sur le développement de la ville, de même que sur leur large part de responsabilités vis-à-vis la dégradation de l'environnement. L'année suivante, en 1978, il se remet au cinéma en faisant à nouveau équipe avec Robert Monderie, en compagnie duquel il coréalise Mouche à feu, un documentaire retraçant la vie d'un chanteur métis country (ce film n'est malheureusement plus disponible).

Renaissance d'Abbittibbi

À la même époque, Richard Desjardins déménage ses pénates à Montréal où il fait la connaissance de celle qui allait donner naissance, trois ans plus tard, à leur fils Benjamin. Pour l'heure ses comparses d'Abbittibbi s'installent eux aussi dans la métropole, si bien que le groupe renaît peu à peu de ses cendres... sans connaître plus de succès qu'auparavant. Abbittibbi passera les cinq années suivantes sous respirateur, ne se produisant que sporadiquement dans les boîtes de nuit et n'en récoltant « que des cachets de misère... et d'aspirine! »

En 1981, après ces trop nombreuses années de vache maigre, une lueur d'espoir se profile enfin à l'horizon alors que les membres du groupe se voient octroyer le temps de studio nécessaire à l'enregistrement d'un premier album. Quelques mois plus tard est lancé Boom Town Café, un disque synonyme de persévérance sur lequel figurent une dizaine de chansons originales, dont les désormais fort connues Le chant du bum et Un beau grand slow. L'album se vend passablement bien, mais on ne saura jamais vraiment combien d'exemplaires ont trouvé preneur. Tout allait donc pour le mieux jusqu'à ce que les productrices s'évanouissent dans la nature avec les bandes-maîtresse, sans lesquelles il est impossible de procéder à une quelconque réédition des chansons! Desjardins venait de vivre sa première expérience avec l'industrie du disque, un premier contact qui allait lui laisser un arrière-goût fort amer. À la suite de cette profonde déception, le groupe s'est à nouveau séparé. « On était pauvres à cette époque-là, mais on ne s'en rendait pas réellement compte parce qu'on vivait la misère au jour le jour. C'était dur, mais on a quand même choisi de persévérer une couple d'années. Et les musiciens qui demeuraient tous dans la même petite piaule... Un soir, on s'est assis, et on a convenu qu'il valait mieux partir chacun de notre côté. On ne pouvait tout simplement plus continuer à vivre comme ça ».

À l'aube d'une florissante carrière solo

C'est par un soir comme les autres, alors qu'il tend l'oreille aux notes s'évadant de la seule guitare de Bruce Springsteen, sur l'album acoustique Nebraska, que Desjardins a l'idée d'enregistrer un album de même facture en remplaçant la guitare par son piano (à l'exception, bien sûr, de l'immortelle Les Yankees, jouée à la guitare). À compter de cette soirée-là son premier album commence ainsi à germer en son esprit, à prendre forme, tout doucement.

Quelques années plus tard Richard Desjardins se retrouve avec un florilège de nouvelles chansons, qu'il prend plaisir à interpréter dans les bars, les cafés ou les petites salles de spectacle, accompagné de son piano électrique. Les mythiques Foufounes électriques, entre autres, l'accueillent en ses murs à l'occasion. Au fil des soirées il parvient à se constituer une poignée de fidèles, tombés tant sous le charme de sa poésie que de sa musique. Il évolue ainsi dans ce circuit pendant trois ans, sans jamais perdre de vue son ambition d'enregistrer un album de facture poétique et classique, un album où les mots prendraient leur envol à même les notes d'un piano. Faute d'argent, la concrétisation de ce rêve devra cependant attendre...

En 1986 il quitte la grande ville pour aller enseigner la musique aux enfants de la communauté inuit de Puvirnituq, dans le Grand Nord québécois, pour une période de six mois. Il fera par la même occasion une pierre deux coups, élargissant ses horizons au contact de la culture autochtone tout en étant bien rétribué. « On était au bout du monde », dira-t-il, songeur, en repensant à cette période de sa vie.

Plus riche d'une dizaine de milliers de dollars à son retour, il entreprend de produire lui-même ce deuxième opus. Seulement voilà, quelque 4 000 dollars manquent toujours à l'appel. Qu'à cela ne tienne Desjardins le débrouillard parvient à sensibiliser pas moins de 400 personnes à sa cause, lesquelles consentent toutes à « investir » 10 dollars afin de mener à bien le projet. En contrepartie, il leur promet qu'elles auront chacune droit à un exemplaire de l'album, sitôt qu'il les aura en mains. Il tient promesse quelques mois plus tard, Les Derniers Humains étant enfin lancé. Il se rendra d'ailleurs chez ceux et celles qui n'avaient pu se présenter au lancement, pour leur remettre une copie de son disque. Le marché des autoproductions étant alors quasi-inexistant, Desjardins ne disposait que d'un seul dépositaire, le disquaire Va-et-vient, sis sur l'avenue Mont-Royal... où l'un des employés en avait profité pour pirater l'album!

Un début de carrière sur les chapeaux de roue

Les 3 000 exemplaires des Derniers Humains s'envolent rapidement, si bien que Desjardins se remet vite à la composition de nouvelles pièces. « Le surplus d'argent engendré par la vente des Derniers Humains m'a permis de me plonger tout de suite dans la production de mon troisième album. Et cette fois, y'avait pas seulement 400 personnes pour soutenir mon projet, y'en avait 1 000! » Enregistré à la Chapelle historique du Bon Pasteur, à Montréal, l'album Tu m'aimes-tu voit le jour en 1990. Dans le dessein de commercialiser son produit, Richard Desjardins cogne alors aux portes de tous les producteurs montréalais. Partout, la réponse s'avère négative. « Personne ne voulait de mon disque. Les producteurs me disaient qu'ils auraient bien aimé en avoir une copie pour eux-mêmes, mais qu'ils ne pouvaient pas courir le risque de le commercialiser. Je les en remercie aujourd'hui puisque je produis moi même tout mon matériel, sans contrainte aucune », laisse-t-il tomber. Force est d'admettre que ces producteurs ont manqué de flair, Tu m'aimes-tu s'étant écoulé à quelque 154 000 exemplaires à ce jour (en date du 1er janvier 2011)...

L'année 1990 marque un point tournant dans la carrière de Richard Desjardins. S'il était parvenu à se constituer un public bien à lui, il demeurait toujours inconnu du grand public et des médias. Son passage au Festival d'été de Québec, le 11 juillet de cette même année, allait mettre le feu aux poudres. Invité en première partie du spectacle de Stephan Eicher, il dispose d'une petite heure pour gagner les quelque 5 000 spectateurs présents qui n'avaient certes qu'une envie : voir Eicher au plus vite. Seul derrière son piano, il amorce sa prestation en dénonçant l'assaut des barricades d'Oka par les policiers, assaut qui avait eu lieu le matin même. Il dédie ainsi son premier grand spectacle au peuple mohawk, « assailli par les forces de l'ordre », avant de livrer une solide prestation. Les spectateurs présents, qui ne le connaissent pour la plupart ni d'Ève ni d'Adam, boivent ses paroles, se grisent de sa musique, en redemandent jusqu'à plus soif. « Ça a marché comme jamais j'aurais pu imaginer. Dans ma loge après le show je me suis couché face contre terre, je capotais, je venais de passer à travers et là on est venu me dire que les spectateurs me demandaient en rappel. J'en r'venais pas! »

À la même époque, le film Le Party (de Pierre Falardeau), dont il avait composé la musique, connaît un succès retentissant sur nos écrans. Le public ne tarde donc guère à accoler un nom et un visage au compositeur de la trame sonore de ce long métrage, dont certaines pièces (Le Screw, Le cœur est un oiseau, Déboutonne ton blues et Rouler collés) allaient être appelées à revivre sur d'autres albums. Cerise sur le gâteau, le Festival d'été de Québec lui décerne le Prix Miroir de la chanson francophone, la journée même où le Québec perdait l'un de ses plus grands artistes en la personne du légendaire Gerry Boulet (le 18 juillet 1990). Desjardins se trouve alors à Jericho Beach, en Colombie Britannique, où il parvient à mettre dans sa petite poche la dizaine de milliers de spectateurs anglophones présents au Vancouver Folk Festival, spectacle retransmis d'un océan à l'autre sur les ondes de la chaîne CBC.

Pour leur part les journalistes, qui ne lui avaient accordé pour la plupart que peu d'attention jusque là, commencent à démontrer un certain intérêt pour cet hurluberlu à lunettes « qui nous fixe le squelette ». On cherche à savoir ce qu'il a mangé au petit déjeuner, d'où il vient et où il va... Heureux et serein, Richard Desjardins s'accommode fort bien de sa nouvelle situation et ne s'énerve pas le moins du monde face à ce nouveau statut de « vedette » : « Après ce spectacle-là la machine s'est emballée, mais je l'ai bien vécu parce que j'entrevoyais toutes les possibilités qui m'étaient désormais offertes et que je connaissais mes limites. Et j'avais plus 20 ans, j'en avais 42. À cet âge, tu t'énerves moins avec ces affaires là », avoue-t-il humblement.

On aime Tu m'aimes-tu

La couverture médiatique dont il fait l'objet à la suite de son passage à Québec provoque une hausse marquée des ventes de l'album Tu m'aimes-tu. En demande un peu partout Richard Desjardins entame une série de concerts solo, tandis qu'il voit la pièce-titre de son album se frayer un chemin jusqu'aux ondes des radios populaires avant qu'elle ne se hisse au sommet de leurs palmarès. Au gala de l'ADISQ 1991, ses pairs reconnaissent enfin son talent en lui remettant les Félix « Auteur compositeur de l'année » et « Album populaire de l'année ». Voilà qui est plutôt inusité pour un artiste versant tant dans le classique que dans le country, qui peut séduire tant au piano qu'à la guitare et dont les paroles oscillent souvent entre plusieurs niveaux de langage, passant du joual à une poésie vertigineusement pure.

C'est à cette époque qu'entre en scène Jacques Saintonge, lequel devient son agent. Ce dernier n'est d'ailleurs pas étranger à ses retentissants succès, qui trouvent même écho outre-Atlantique. Ainsi, le programmateur du Théâtre de la Ville, à Paris, constamment à la recherche de nouveaux talents, s'envole pour Montréal afin de voir évoluer sur scène celui dont on lui avait dit tant de bien. Charmé à son tour, il l'engage illico dans son prestigieux théâtre et Desjardins évolue ainsi devant le tout-Paris trois soirées durant! Même s'il en avait vu d'autres, l'artiste a été gagné d'un trac fou peu avant son premier spectacle : « Quand j'ai entendu : "Tout l'monde en scène!", je me sentais comme si je me rendais à mon exécution. Mais la réaction des Français a été instantanée, chanson après chanson. Les critiques ont été excellentes. »

Cette première apparition en sol français n'est que la première d'une longue série, Richard Desjardins s'offrant par la suite, entre autres, le Bataclan pas moins d'une douzaine de fois. Le critique de Libération est, parmi tant d'autres, dithyrambique : « (...) les connaisseurs ne jurent que par son joual, son piano, sa heavy guitare et sa poésie de chanson, qui en font un plausible héritier outre Atlantique de Ferré. » En septembre 1992 il succède par ailleurs à nuls autres que Pierre Rapsat, Daniel Lavoie, Mauranne, Michel Rivard et Maljean Williems en se voyant décerner, à Bruxelles, le prestigieux Prix de la chanson française Québec Wallonie Bruxelles pour Tu m'aimes tu.

Increvable Abbittibbi

Cette même année (1992), Desjardins décide de rééditer Les Derniers Humains (qui n'avait été pressé qu'à 3 000 exemplaires) en formats CD et cassette, lui qui souhaitait faire connaître les chansons de cet album au plus grand nombre. À l'issue de sa tournée québécoise de 1993 il lance ensuite Richard Desjardins au Club Soda, un album enregistré devant public et comprenant plusieurs nouvelles chansons telle Phénoménale Philomène, quelques monologues, de même que certains titres datant de l'époque d'Abbittibbi.

Après avoir présenté son spectacle solo à quelque 450 reprises au Québec, de même qu'en France, en Suisse et en Belgique, Desjardins éprouve l'envie de passer à autre chose ou, plutôt, d'effectuer un retour aux sources : « Ce show là je l'ai fait 450 fois, c'est assez. J'avais besoin de changement, besoin de me retrouver avec ma vieille gang. J'ai donc décidé de faire revivre Abbittibbi! »

Malgré ses succès personnels Richard Desjardins n'en oublie pas moins ses comparses d'Abbittibbi, avec qui il renoue donc plus d'une douzaine d'années après leur seconde séparation. Il produit avec eux Chaude était la nuit (réalisé par ses amis musiciens Claude Vendette et Francis Grandmont), un album fort attendu tant par les principaux intéressés que par le public, intrigué à l'idée de pouvoir se mettre sous la dent un Desjardins au son plus rock, plus pesant. Aux yeux de ce dernier, cette réunion des vieux copains se veut en quelque sorte un passage obligé avant de passer à une autre étape : « On avait l'impression qu'il nous manquait quelque chose. On est ensuite partis en tournée et tout le monde était heureux, on avait enfin bouclé la boucle. On pensait donner une cinquantaine de spectacles et on en a finalement donné une centaine! » Le groupe a entre autres offert, en 1995, un mémorable spectacle au Festival d'été de Québec, spectacle qui lui a valu le Prix Miroir de la chanson francophone! Mentionnons aussi que cette aventure a été immortalisée sur disque alors qu'a été lancé l'album Abbittibbi live, en 1996, un album enregistré devant public au Vieux Clocher de Magog.

Un cri du coeur pour la forêt

C'est par ailleurs au cours de la tournée avec Abbittibbi que Richard Desjardins devient l'un des plus ardents défenseurs du territoire forestier, alors que son père lui fait part qu'une abatteuse s'avance dans la forêt Vaudray Joannès, située derrière le chalet familial. Avec son ami Robert Monderie il décide donc de s'attaquer au problème de la déforestation, en menant une large enquête dont les résultats seront présentés sous forme de documentaire. Le film-choc L'erreur boréale ne sera diffusé que quatre ans plus tard. « J'ai mijoté ça pas mal longtemps avec Robert. Faut dire qu'il s'en est brassé des affaires avant qu'on procède au premier tour de manivelle. Il s'agissait d'un énorme dossier, surtout que peu de gens avaient abordé ce sujet auparavant. Notre message a été entendu puisque dix ans après, la forêt derrière chez nous est toujours debout. Et seul le feu en disposera », mentionne t-il aujourd'hui, non sans une certaine fierté.

Tout en consacrant temps et énergie à la réalisation de L'erreur boréale, Desjardins n'en délaisse pas moins sa carrière d'auteur, compositeur et interprète alors qu'il lance, en 1998, un autre album solo enregistré en studio et intitulé Boom Boom. S'ensuit une tournée québécoise qui s'échelonnera sur près de deux ans.

Pendant cette période le tandem Desjardins-Monderie récolte ce qu'il a semé, la diffusion de L'erreur boréale ayant l'effet d'une bombe dans l'opinion publique. En outre, que le Québec soit menacé de déforestation en raison d'un régime forestier déficient suscite maints questionnements auprès des décideurs. « Quand L'erreur boréale a été diffusé, le gouvernement a attendu 40 jours avant de réagir. Ils avaient envoyé des experts sur le terrain pour qu'ils trouvent des arguments pouvant contredire nos conclusions. Ils n'ont rien trouvé, alors le ministre des Ressources naturelles s'est permis une attaque personnelle à mon endroit et c'est là qu'on a compris qu'on avait raison sur toute la ligne; il se contentait d'attaquer le messager... » Par la suite, le gouvernement n'a d'autre choix que de constituer une commission d'étude scientifique et technique indépendante, qu'il place sous la présidence de l'administrateur d'expérience Guy Coulombe. Le Rapport Coulombe est déposé un an plus tard, en décembre 2004, lequel vient confirmer sans l'ombre d'un doute l'inquiétant diagnostic établi par Desjardins et Monderie. Nous y reviendrons...

La diffusion du documentaire, souvent suivie de discussions, provoque donc de vives réactions et amène le gouvernement québécois et les compagnies forestières à revoir certaines de leurs positions sur le sujet. Les coréalisateurs de L'erreur boréale reçoivent par ailleurs, en 1999, le Grand prix « Mention environnement » du 14e Festival international du film nature et environnement de Grenoble, le « Prix du développement durable en milieu rural » décerné par ÉCOFILM, à Lille, le Prix Robert-Claude Bérubé, décerné par l'Office des communications sociales, le « Prix du reportage/magazine » au 18e Festival international du film d'environnement de Paris, de même qu'un Prix Jutra, au Québec, dans la catégorie « Meilleur film documentaire ». En 2000, L'erreur boréale se voit par ailleurs attribuer le Prix Frederick Todd, pour la contribution exceptionnelle à l'avancement de l'architecture de paysage au Québec (décerné par l'Association des architectes paysagistes du Québec) tandis que, cette même année, Desjardins se voit remettre le Prix Solidarité Canada-Sahel, décerné à une personne ayant contribué de manière significative à la lutte contre la désertification.

À la suite des soubresauts engendrés par la diffusion de L'erreur boréale Richard Desjardins s'installe en France à demeure, à compter de l'année 2000. Ce séjour d'un an en sol français lui est des plus bénéfiques. « J'ai quitté un an pour la France, et mon fils m'a accompagné pour aller poursuivre ses études là bas. Je donnais régulièrement des spectacles à toutes les semaines un peu partout en province. Je trouvais quand même le temps de voyager, je suis allé en Espagne assez souvent. » Avec sa sœur Louise qui vit en Abitibi et assisté d'un noyau de personnes conscientisées l'artiste contribue aussi à fonder l'Action boréale, un organisme voué exclusivement à surveiller l'évolution du dossier de la forêt québécoise.

Épique époque Kanasuta

De retour au pays en 2001 Richard Desjardins rencontre Suzie Hamel, qui deviendra sa nouvelle agente, et s'offre un réel plaisir, soit une tournée de spectacles en région avec sa guitare et ses mots implacables comme seuls accompagnateurs sur scène. Ce faisant il amalgame brillamment sobriété, sincérité et spontanéité, tout en jouant franc-jeu avec son habituel franc parler. « Ce n'est pas le héros intouchable qu'on avait devant nous, c'est le vrai gars, le chansonnier engagé et son incroyable poésie (...) Il n'y a que Richard, sa guitare et ses textes. Un Richard Desjardins nature. », pour reprendre les mots de Chantal Guy, dans le quotidien La Presse.

La tournée Desjardins et sa guétard le mène dans une cinquantaine de petites villes, de même qu'il mijote pendant ce temps les chansons de l'album Kanasuta, qui tient son appellation d'une forêt de sa région natale miraculeusement épargnée à la suite de démarches entamées par l'Action boréale (elle se trouve aujourd'hui à nouveau menacée, cette fois par les prospecteurs miniers). Pour cet album, Desjardins a décidé de faire entièrement confiance au prolifique compositeur Yves Desrosiers, qui s'est acquitté de sa tâche de réalisateur et d'arrangeur avec brio. « Pour Kanasuta, j'ai enregistré mes "tounes" comme d'habitude, soit piano voix et guitare-voix, puis, je les ai envoyées à Yves en lui demandant de m'appeler quand viendrait le temps de chanter. On s'était d'abord entendu sur les sonorités de l'album, les textures avec violon, accordéon et contrebasse, mais, pour le reste, je lui ai accordé toute ma confiance et je suis très, très satisfait du résultat. »

Notons qu'à l'été 2002 les Éric Lapointe, Garou et Daniel Boucher, entre autres, lui rendent hommage à l'occasion de la 35e édition du Festival d'été de Québec. Un hommage bien mérité et fort apprécié du public, même si l'homme n'est pas des plus enclins à ce genre de marques de déférence.

Fin septembre 2003 Kanasuta est mis en marché, au moment même où se déroule, à Québec, le XIIe Congrès forestier mondial annuel. La tournée Kanasuta se met quant à elle en branle au Vieux Clocher de Magog le 27 février 2004, avant de s'arrêter dans plusieurs villes à travers la province en compagnie de Normand Guilbeault (contrebasse), Claude Fradette (guitares) Marie-Soleil Bélanger (violons) et Didier Dumoutier (accordéon), tous de remarquables musiciens dont la réputation n'est plus à faire.

Peu après le début de la tournée, en mars, l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) lui décerne un doctorat honoris causa ès arts « pour sa contribution exceptionnelle à l'avancement de la société, comme poète, cinéaste, compositeur et interprète, et plus particulièrement pour son humanisme et sa qualité d'homme libre qu'il met au service de sa région et du Québec ». Entre deux spectacles, le nouveau « docteur » va cueillir son hommage, fier de se voir ainsi honoré dans la région qui l'a vu naître.

Richard Desjardins... symphonique!

Puis, en octobre (2004), après plusieurs mois d'une gratifiante tournée de spectacles, Richard Desjardins joint ses talents à ceux du directeur artistique et chef attitré de l'Orchestre symphonique de Trois-Rivières, Gilles Bellemare, afin de mener à bien un audacieux projet visant à faire revivre, l'instant de deux représentations (et après plus d'un an de labeur – et de plaisir, avouons-le – pour Bellemare l'arrangeur), certaines chansons de Desjardins... qui est alors accompagné, sur scène, par une cinquantaine de musiciens de haut calibre! Celui qui nous a souvent fait connaître ses chansons flanqué de sa seule guitare ou imperturbablement assis derrière un piano fait donc cette fois office de soliste, avec sa voix pour seul instrument. Entendre certaines de ses œuvres ainsi revisitées, en formule symphonique, par les arrangements de Bellemarre, le réjouit au plus haut point.

Les 13 et 14 octobre 2004, au Centre Pierre-Charbonneau, à Montréal, quelques chanceux ont ainsi pu assister à cet événement exceptionnel ayant pour titre Desjardins symphonique, lequel fut enregistré et radiodiffusé moins de deux semaines plus tard (le 24 octobre), sur les ondes d'Espace Musique. Inoubliable rencontre que celle-ci entre les magnifiques arrangements de Bellemare, rendus avec grâce par 50 musiciens et les textes, la voix et l'authenticité de Desjardins. Notons que le concert Desjardins symphonique a été produit exceptionnellement en guise de prélude à la 18e édition du Coup de cœur francophone, un festival dédié à la découverte et à la circulation de la chanson francophone dans ses multiples expressions. Coup de cœur francophone avait d'ailleurs permis à Desjardins de s'illustrer pour la première fois sur une scène montréalaise au Cégep de Maisonneuve, en 1989, en première partie d'Isabelle Mayereau.

En novembre, il quitte d'ailleurs la province pour présenter le spectacle Kanasuta à travers le pays, grâce au Réseau pancanadien du Coup de cœur francophone qui fait escale à Toronto, Winnipeg, Edmonton, Whitehorse et, enfin, à Vancouver.

Gala de L'ADISQ 2004 : Les fleurs, et... le pot!

Avant de boucler ses valises pour cette tournée dans les autres provinces canadiennes Richard Desjardins voit son travail récompensé, le 31 octobre 2004, alors que l'ADISQ lui décerne cinq Félix, dont ceux de l'Auteur et compositeur de l'année, du Spectacle de l'année (catégorie auteur-compositeur-interprète) et de l'Album de l'année (catégorie populaire), pour Kanasuta. L'artiste, qui se trouve alors en Gaspésie où il doit livrer pas moins de six représentations en sept soirs, est absent du gala... ce qui ne plaît guère à l'animateur Guy A. Lepage, lequel ne se gêne pas pour balancer l'un des trophées Félix derrière la scène... devant une salle stupéfaite par ce geste impromptu, sans oublier que quelque 1,8 million de téléspectateurs assistent, en direct, au défoulement de l'animateur. Il n'en fallait pas moins pour créer toute une controverse Desjardins spécifiant, au lendemain du gala, avoir souhaité être sur place, tout en ajoutant que cela lui était malheureusement impossible en raison de la distance (il se trouvait alors à 12 heures de route de Montréal), Lepage soulignant pour sa part que l'artiste aurait tout de même pu accepter ses récompenses en transmission simultanée, par le biais du duplex. À ce sujet Desjardins ajoute qu'il n'avait aucune objection pour ce faire, mais que Radio-Canada ne disposait d'aucune caméra ce soir-là. Chose certaine ladite controverse fait jaser dans les chaumières québécoises, les uns déplorant l'impulsivité de l'animateur, les autres l'absence du chanteur.

Quoiqu'il en soit, moins de trois semaines plus tard (le 18 novembre 2004) c'est au tour de la France d'honorer Richard Desjardins alors qu'on lui remet, toujours pour l'album Kanasuta, le Grand Prix du disque de l'Académie Charles Cros, dans la catégorie Francophonie (depuis 1948, l'Académie Charles Cros a déjà récompensé des artistes de la trempe de Serge Gainsbourg, Georges Brassens, Félix Leclerc, Yves Montand et autres Jacques Brel...). En outre, on profite de son passage en sol français pour lui attribuer une seconde récompense, soit le Prix de l'Organisation internationale de la francophonie.

Un tabac à l'Olympia

Dans l'Hexagone, Richard Desjardins jouit donc d'une certaine notoriété, pour ne pas dire d'une notoriété certaine au sein des élites et du milieu underground, lesquels lui démontrent un vif intérêt depuis de nombreuses années. N'étant plus distribués outre-Atantique ses albums trouvent cependant difficilement preneurs, les nombreuses personnes désireuses de se les procurer ne parvenant pas à mettre la main dessus. Puis, la multinationale EMI – sous étiquette Label – lui fait signer un contrat de licence, s'engageant ainsi à distribuer ses disques en France.

En mars 2005, donc, son association avec l'étiquette Label-EMI lui permet d'enfin mettre sur le marché français l'album Kanasuta, ainsi qu'un album anthologie contenant les meilleures pièces de ses précédents albums. L'association ne convenant cependant ni à l'un ni à l'autre, le contrat avec EMI sera résilié en octobre 2008. Sensiblement au même moment Desjardins livre Kanasuta à l'Olympia de Paris, temple parisien de la chanson.

À la suite d'une prestation toute en crescendo les spectateurs présents, conquis, lui réservent deux rappels et autant d'ovations debout, et c'est un Desjardins visiblement ému qui remercie chaleureusement le public de l'Olympia. Au cours de ce spectacle il a par ailleurs multiplié les allusions politiques, critiquant autant le président Chirac que le premier ministre Raffarin, sans oublier quelques flèches décochées à l'endroit de l'ancien premier ministre Alain Juppé. Desjardins le dénonciateur, l'empêcheur de tourner en rond n'avait pas la langue dans sa poche... Précédé d'une surprenante campagne de presse (tous les quotidiens et tous les magazines ont encensé l'album Kanasuta), ce spectacle se voulait en quelque sorte une consécration. La reprise de la chanson Quand j'aime une fois j'aime pour toujours, par Francis Cabrel, l'a certes davantage fait connaître auprès du grand public, mais Desjardins demeurait malgré tout un secret bien gardé dans l'Hexagone. Cette unique représentation à l'Olympia allait quelque peu changer la donne. « Si Léo Ferré devait avoir un héritier, ce serait lui », écrivait d'ailleurs le très critique hebdomadaire L'Humanité.

Après ce passage remarqué à l'Olympia de Paris, Richard Desjardins effectue une tournée de spectacles en France et en Suisse, avant de revenir au bercail effectuer un avant-dernier tour de piste de la tournée Kanasuta.

À l'été 2005, le concert Desjardins symphonique est bellement repris au Festival d'été de Québec, avec l'Orchestre symphonique de Québec (OSQ) cette fois, toujours sous la houlette de Gilles Bellemare. Ce même été, 15 ans après avoir reçu le Prix Miroir de la chanson francophone, voilà que le Festival d'été de Québec remet ça en lui octroyant le Prix Miroir du spectacle le plus populaire (pour Kanasuta). Desjardins n'en demandait pas tant...

Des prix, des prix et...
son apparition dans Le Petit Larousse!

L'année 2005 se veut d'ailleurs passablement faste en récompenses de toutes sortes pour le cofondateur de l'Action boréale qui se voit décerner, par le lectorat du magazine Sélection du Reader's Digest, le titre de « Héros de l'année » dans la catégorie « Environnement ». Selon le magazine Richard Desjardins n'a jamais cessé, depuis la diffusion de L'erreur boréale, de « militer pour protéger la forêt contre les compagnies forestières qui la massacrent, et les fonctionnaires qui les laissent faire ». Il a ainsi démontré une ténacité qui lui a valu le respect des lecteurs du magazine. Le vice-président et rédacteur en chef Robert Goyette ajoute : « Ce qui a beaucoup frappé les gens, c'est qu'il s'est élevé contre l'establishment et les idées reçues, et qu'il n'a pas baissé les bras. »

Toujours en 2005, l'Union des artistes (UDA), l'Union des écrivaines et écrivains québécois (UNEQ) ainsi que la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC) lui ont toutes trois remis le Mérite du français dans la culture. « Ce prix souligne l'attachement à la langue française et à la culture d'expression française de l'auteur-compositeur-interprète abitibien », a résumé l'Office québécois de la langue française (OQLF). Desjardins succède ainsi à Clémence Desrochers, Kim Yaroshevskaya, Marie Éva de Villiers, Marcel Dubé, Andrée Lachapelle, Gilles Vigneault, Gérard Poirier et Marc Favreau.

D'autre part, le 4 octobre, au Lion d'Or de Montréal, on procède au lancement d'un DVD d'une durée de 112 minutes ayant pour titre Kanasuta – Là où les diables vont danser, qui clôt en quelque sorte l'imposante tournée du même nom qui s'est déroulée pendant plus d'un an et demi et pour laquelle Desjardins a reçu les Félix « Spectacle de l'année » et « Scripteur de spectacles de l'année » (avec Patrice Desbiens) en 2004. Sur ce DVD intimiste Desjardins nous invite à partager de précieux moments de la prestation enregistrée devant public à la Salle J. A. Thompson, de Trois Rivières, le 22 mars 2005, et captée par la réalisatrice Isabelle Hayeur. À ce document témoin s'ajoutent un commentaire audio de l'équipe, quelques photos prises lors de la tournée au Québec, dans l'Ouest canadien ou à l'Olympia de Paris ainsi que plusieurs entrevues dont une, exclusive, portant sur son enfance, ses débuts artistiques, ses rêves et son combat pour la préservation de nos forêts. Entre autres... On doit la réalisation de ce DVD à Sophie Malouin.

En 2006, Le Petit Larousse des noms propres inscrit 45 nouveaux venus au panthéon des immortels dont Madonna, Renaud, le prince de Monaco Albert II et... Richard Desjardins, dont on retrouve la définition en page 1318 : Poète et pamphlétaire s'exprimant dans une langue sans tabous, il compte parmi les créateurs les plus originaux de la chanson québécoise d'aujourd'hui (albums Les Derniers Humains, Tu m'aimes-tu, Boum Boum, Kanasuta). Le principal intéressé a d'ailleurs relevé une faute dans ladite définition, Larousse ayant écrit Boum Boum au lieu de Boom Boom...

En juillet 2006, il se rend à La Havane pour y présenter L'erreur boréale de même que pour s'y produire sur scène (en espagnol!), le tout dans le cadre de l'événement commémoratif « Sur les traces d'Iberville », marquant le tricentenaire de la mort de Pierre Le Moyne d'Iberville (1661-1706) et visant à diffuser et à promouvoir les liens de collaboration entre le Québec et Cuba.

Toujours à l'été 2006, la Première Chaîne de Radio-Canada présente le documentaire radiophonique intitulé Richard Desjardins : un homme libre, qui retrace le parcours de l'enfant, de l'aventurier, du documentariste, du poète, de l'homme, du passionné, de l'auteur compositeur, du pamphlétaire, de Desjardins l'homme libre, quoi! Réalisé en quatre épisodes par André Chouinard et Nadia Peiellon on peut y entendre les témoignages du principal intéressé, bien sûr, mais également ceux de plus d'une vingtaine de participants, de sa sœur Louise (Desjardins) à Gilles Vigneault, en passant par le regretté Claude Nougaro et Janette Bertrand. Un documentaire exhaustif, rigoureux, fascinant.

Une plume dénonciatrice

De retour dans la Belle province après son passage à Cuba Richard Desjardins, désireux de battre le fer pendant qu'il est encore chaud mais surtout pour éviter que le Rapport Coulombe ne soit « tabletté », rédige une série de six articles comme autant de brûlots à paraître dans Le journal de Montréal et destinés à rappeler à tous l'urgence d'agir si nous souhaitons sauvegarder notre forêt. Plus d'un an et demi s'est déjà écoulé depuis la publication du Rapport Coulombe qui faisait suite, justement, aux soubresauts suscités par la diffusion de L'erreur boréale, et Desjardins tient plus que jamais à ce que le sujet demeure brûlant d'actualité. Pour ce faire, dans ses articles, il brosse en termes clairs et imagés un état des lieux, réitérant l'importance de se mobiliser pour faire pression sur les compagnies forestières et le gouvernement afin de renverser la vapeur et qu'on arrête de « bûcher la forêt de nos enfants »...

L'année 2007 débute en lion pour celui que le Festival Voix d'Amériques désigne « Invité d'honneur » de cette 6e édition (tenue du 2 au 9 février). En ouverture, le Festival présente le spectacle Richard et sa guétard au La Tulipe, en plus d'offrir une soirée intime au cours de laquelle il discute de son prochain documentaire avant de présenter Aliénor, un monologue tout en alexandrins (chanson de geste). Le journaliste Bruno Lapointe, du Journal de Montréal, résume la soirée en ces mots : « Une communion parfaite avec les fans. (...) De poèmes en chansons, l'artiste démontre son savoir-faire devant un public conquis et comblé. Après chaque chanson, après chaque lecture, les cris et les applaudissements retentissent de plus belle. »

Des coups de main pour prêter main-forte

Un mois plus tard (le 13 mars 2007), l'ensemble de guitares classiques Forestare, créé pour rendre un hommage bien particulier aux arbres et à la forêt, lance son premier album. L'amoureux de la nature n'a pas hésité un seul instant lorsque les instigateurs du projet lui ont demandé sa collaboration sur les pièces Les Yankees et La maison est ouverte, qui figurent toutes deux sur l'album. Une collaboration somme toute... naturelle!

En mai 2007 l'auteur, compositeur et interprète Claude Dubois lance l'album Duos Dubois, lequel, en deux ans, trouvera preneur auprès de quelque 250 000 personnes! Pas pour rien qu'on y retrouve plusieurs collaborations qui valent leur pesant d'art dont celles d'Isabelle Boulay, Garou, Francis Cabrel et... Richard Desjardins, qui y interprète l'immortelle Le Labrador en compagnie de nul autre que Gilles Vigneault.

Le Peuple Invisible obtient une bonne visibilité

Outre le temps passé en studio pour l'enregistrement de ces quelques chansons, Desjardins l'occupe principalement au tournage d'un documentaire portant sur le peuple algonquin et sur lequel il travaille depuis quelque temps déjà. Il se joint à son ami Monderie, avec qui il avait réalisé L'erreur boréale, et les deux comparses s'investissent totalement dans leur nouveau projet commun.

Le 27 octobre 2007, après des mois d'intense labeur et de recherches pour le moins poussées ils présentent enfin leur documentaire, judicieusement intitulé Le peuple invisible, à l'occasion d'une première projection publique au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. Ce documentaire pour le moins corrosif et faisant fi de la dentelle raconte l'histoire des Algonquins, cette nation autochtone riche de 5 000 ans d'histoire et aujourd'hui presque en voie d'extinction. Jadis populeuse elle est en ces jours composée d'à peine 9 000 personnes, qui se retrouvent disséminées dans une dizaine de communautés à travers l'Abitibi Témiscamingue, région qui a vu naître Desjardins et où il réside toujours quelques mois par année. Outre l'aspect historique savamment documenté (ils démontrent entre autres le rôle joué par l'État dans le démembrement du territoire autochtone depuis la Proclamation royale de 1773) le duo est parvenu à faire témoigner, devant la caméra, plusieurs Amérindiens subissant l'oppression de l'État, hier comme aujourd'hui. Après avoir dressé un sombre portrait sociologique des réserves algonquines modernes (un jeune garçon algonquin sur deux a déjà tenté de se suicider alors que, dans certains villages, 85 % de la population vit de l'aide sociale...), Desjardins et Monderie concluent avec une interrogation à la fois pertinente et horrifiante : le peuple algonquin est-il inévitablement appelé à disparaître?

Favorablement accueilli tant par la critique que par le public (Le peuple invisible s'est classé parmi les 20 meilleures performances en salle au Québec dès sa première semaine, tandis que la sortie DVD connaît pareil succès), le film remporte l'année suivante (2008) le prix Jutra décerné au « Meilleur documentaire » de même que deux prix Gémeaux, une fois de plus à titre de « Meilleur documentaire » mais aussi en tant que « Meilleure musique originale – documentaire ». La superbe trame sonore est signée par son ami, le guitariste Claude Fradette.

Novembre 2007, à peine trois semaines après sa sortie, Le peuple invisible se retrouve en compétition officielle à la 26e édition du Festival international du film d'environnement de Paris, où il fait bonne figure, avant d'être présenté au Church Center for the United Nations, à New York, en avril 2008, dans le cadre des activités de la septième session de l'Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones. Richard Desjardins est alors accompagné du chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, lesquels profitent de l'occasion pour dénoncer, du même coup, les piètres conditions de vie des peuples autochtones du Québec. Comme ce fut le cas avec L'erreur boréale, Desjardins et Monderie sont fiers d'être une fois de plus parvenus à brasser la cage, à susciter réactions et discussions, à dévoiler l'injustice au plus grand nombre. Pari tenu, pari gagné. Haut la main.

De tout pour tous les goûts

À la suite de la présentation de son plus récent documentaire et du « brasse-camarade » qui s'en est suivi Richard Desjardins entame, en mars 2008, la toute dernière portion de la tournée Kanasuta, qui l'amène dans plus d'une dizaine de villes à travers le Québec. Peu avant, en début d'année (le 18 janvier), celui qui a à cœur le sort des personnes démunies fait front commun avec l'auteur, compositeur, acteur et réalisateur Dan Bigras en vue de la présentation, à la Maison de la Culture de Gatineau, d'un concert-bénéfice au profit du Dépanneur Sylvestre de Hull. Ce dépanneur, qui est avant tout un lieu d'inclusion sociale, se veut une belle initiative citoyenne offrant, entre autres, des repas communautaires et autres activités à contribution volontaire. Si nos deux comparses ont plus d'une fois fait vibrer l'espace Sylvestre, c'est la première fois qu'ils foulent cette scène ensemble avec... leurs deux pianos! Une rencontre chaleureuse, placée sous le signe de la solidarité, de l'entraide et du don de soi. À l'image des deux artistes.

Par ailleurs, c'est un Desjardins pour le moins étonné qui jette un œil (voire... les deux!) au quotidien La Presse du samedi 16 février 2008, lequel lui apprend que l'album Tu m'aimes-tu se classe bon troisième au Top 50 des meilleurs albums québécois de l'histoire. Pas mal, pour un album dont aucun producteur ne voulait et qu'il a autofinancé!

Peu après, voilà que le concert Desjardins symphonique fait l'objet de trois représentations en France (mai) et en Suisse (juin) avec, aux commandes, un Gilles Bellemare plus fébrile que jamais à l'idée de présenter ce concert outre mer (accompagné, cette fois, d'orchestres hôtes).

Toujours en 2008, Desjardins présente également son spectacle intimiste Richard et sa guétard dans quelques villes de la région de la Côte-Nord ainsi qu'ailleurs en province. Kanasuta, Desjardins symphonique, Richard et sa guétard. Trois spectacles radicalement dissemblables, un seul style : DU Desjardins...

En mai 2008, surprise, la chanteuse country Renée Martel, idole de jeunesse de Desjardins, lance un nouvel album de chansons originales (son premier depuis... 1992) ayant pour titre L'héritage, composé de 14 nouvelles pièces dont la troublante À un cœur de cristal, écrite et composée par Richard Desjardins qui l'interprète avec elle. Un duo pour le moins émouvant, qui enchante la critique. Philippe Meilleur, du Journal de Montréal, écrira : « Renée Martel a décidé de faire les choses en grand (...) de belles trouvailles comme cette magnifique À un cœur de cristal, signée Richard Desjardins. »

Desjardins, poète et écrivain

L'automne 2008 s'annonce d'autre part passablement occupé pour Richard Desjardins le poète et écrivain alors que sont lancés Aliénor, puis Le vol du Colibri. La maison d'édition Lux fait d'abord paraître Aliénor, qui se veut le monologue du même nom que Richard Desjardins a interprété sur scène à quelques reprises et qui est ici publié sous forme d'alexandrins, accompagnés de superbes illustrations signées par l'artiste Shrü. Ce projet de livre a vu le jour après que l'éditeur de Lux, Claude Rioux, un ami de Desjardins, l'ait entendu réciter Aliénor au Festival Voix d'Amériques. Quant à la publication du livre Le vol du Colibri, édité chez Boréal, il s'agit d'un récit des plus touchants proposant une réflexion sur le caractère éphémère des ressources de notre Terre et sur l'importance de les utiliser avec parcimonie. Source d'inspiration pour les environnementalistes, il fut hérité des tribus Quechan et Haida de la Côte Pacifique. D'abord publié en anglais par l'auteur Michael Nicoll Yahgulanaas sous le titre de Flight of the Hummingbird, Richard Desjardins en a fait la traduction de même qu'il en a signé la préface. Quant à la postface de ce livre magnifiquement illustré par son auteur (Yahgulanaas), elle est signée par nul autre que le Dalaï Lama.

Début octobre 2008, dans le cadre du 3e gala annuel de la Fondation SPACQ (Société professionnelle des auteurs et des compositeurs de musique du Québec), Richard Desjardins reçoit le prix Robert Charlebois (remis à un auteur compositeur ayant rayonné à l'étranger), des mains de... « Garou premier »! Cette Fondation, mise sur pied par Diane Juster, a pour objectif de soutenir, promouvoir, encourager et venir en aide aux auteurs et aux compositeurs ayant marqué notre patrimoine. Nul doute que Richard Desjardins est de cette trempe.

Le mois suivant, il offre un récital solo à Neuchâtel, en Suisse, à l'occasion du 15e anniversaire de l'organisation humanitaire Médecins du monde. Les bénéfices seront intégralement versés au profit d'une mission.

Le mercredi 13 mai 2009, l'UQÀM (Université du Québec à Montréal) lui remet un doctorat honoris causa en présence de Gilles Vigneault (également docteur honoris causa de l'UQÀM) et de Robert Monderie, lors de la session de clôture du 5e Congrès mondial d'éducation relative à l'environnement. L'université tient, par ce geste, à souligner son apport exceptionnel dans la lutte pour la justice sociale, de même que sa contribution essentielle à l'avènement d'une éco-société.

Toujours soucieux de faire avancer la cause des forêts menacées il se joint quelques mois plus tard à Zachary Richard, Fred Pellerin et la formation Mes Aïeux pour présenter, au Medley, deux spectacles-bénéfice au profit de L'ABAT (Action Boréale Abitibi Témiscamingue, organisme à but non-lucratif qui poursuit continûment sa lutte pour la sauvegarde de la forêt boréale).

En décembre 2009 l'album Desjardins Symphonique est lancé, un album enregistré lors du spectacle du même nom organisé en prélude au Coup de cœur francophone à l'automne 2004. Le critique de l'hebdomadaire culturel Voir est séduit : « Entre deux interventions poétiques, magnifiques, le grand Desjardins se laisse guider par la volupté des arrangements de cordes et d'instruments à vent. Si les Akinisi, Miami ou Les Yankees avaient déjà des allures d'épopées, elles deviennent ici des récits épiques, poignants, romanesques. »

À la suite de cet intermède symphonique Desjardins lance L'existoire, son premier album studio depuis Kanasuta, paru sept ans auparavant (en 2003). Lors du lancement il interprète quelques pièces pour l'occasion, en compagnie du contrebassiste Karl Surprenant et du réalisateur de l'album,Claude Fradette, qui officie au banjo. Ledit lancement a lieu en avril 2011 et moins de deux mois plus tard voilà que l'album se voit certifié Disque d'or, avec plus de 40 000 exemplaires écoulés. L'album fut consacré Album de l'année – Adulte contemporain au Gala de l'ADISQ 2012 La tournée L'existoire a eu lieu en 2012 et 2013 et le spectacle a reçu le Félix du Spectacle de l'année - Auteur-compositeur-interprète.

Parallèlement à ses activités musicales Richard Desjardins et son compère Robert Monderie
ont réalisé un documentaire sur l'industrie minière au Canada et ses implications sur les travailleurs et l'environnement. Ayant pour titre Trou Story, le film est sorti en salle le 4 novembre 2011.

En 2014, Richard Desjardins participe au projet EMMAC Terre Marine de l'artiste multidisciplinaire Emmanuelle Calvé en créant un texte s'inspirant d'un conte inuit. Le spectacle, narré par Desjardins, relie l'art de la marionnette et la danse contemporaine. À l'automne de la même année, Soleil d'Espagne - Vies et poésies de Lorca offre au public une rencontre entre Richard Desjardins porteur de la parole du poète Federico Garcia Lorca, le violoniste Alexandre Da Costa et le guitariste Alexandre Éthier. Ce concert spectacle est un hommage à l'œuvre de Lorca ainsi qu'à la musique espagnole des Albeniz, Manuel de Falla, Gaspar Sanz, Pablo Sarasate.

Le 8 avril 2017, soit la veille des commémorations du centenaire de la Bataille de la crête Vimy, Desjardins sort la chanson Vimy, une composition piano-voix qui évoque les mots qu’un soldat canadien écrit à sa femme à la veille de l’assaut.

L’année 2018 marque la réédition de Boomtown Café, premier album d’Abbittibbi, en cd, vinyle et numérique. L’album original fut enregistré et mixé au Studio Bobinason à Montréal de novembre 1980 à février 1981. Depuis longtemps épuisé, Boomtown Café a été remasterisé à partir des bandes maîtresses originales. La restauration des bandes et le matriçage de cette réédition ont été réalisés par Bernard Grenon qui a gardé en tête de respecter le son des studios des années 80. La pochette entièrement redessinée inclut un texte de Desjardins relatant la formation d’Abbittibbi, la genèse de l’album et les aventures du groupe dans les circuits d’hôtels d’Abitibi et du Nord ontarien. Des photos d’archives et les paroles des chansons bonifient l’écoute de ce classique abitibien. En plus des titres originaux qui ont rejoint le riche répertoire de Desjardins (dont Le beau grand slow, Y va toujours y avoir, Le chant du bum), There’s nothing there, une chanson inédite de Theo Busch enregistrée par le groupe en 1980 s’ajoute à cette nouvelle édition tant attendue par les fans d’Abbittibbi. Le lancement a eu lieu au Lion d’Or le 8 mai 2018, en présence des membres d’Abbittibbi  (Gary Farrell, Rémi Perron, Claude Vendette, Theo Busch, Michel Jetté  et Médéric Lozier). Un lancement au Cabaret de la dernière chance de Rouyn-Noranda a suivi, le 14 mai.

 

Texte : Dominique Nadeau (mis à jour par Éditions et productions Foukinic)

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Photo de l'en-tête: Alain Décarie, Rue Frontenac